Tout est parti de cette phrase d’Arsène Wenger, l’ancien manager emblématique du club de football anglais d’Arsenal, devenu directeur du développement du football mondial à la Fifa. C’était dans The Observer, en novembre dernier : « Le prochain changement de jeu est la neuroscience. Pourquoi ? Parce que nous sommes à la fin de l’amélioration de la vitesse physique. La prochaine étape consistera à améliorer chez le footballeur la rapidité de prise de décision, d’exécution, de coordination. Au cours des dix dernières années, la puissance et la vitesse des joueurs se sont améliorées, mais maintenant vous avez des sprinteurs partout. La prochaine étape sera certainement d’améliorer la vitesse de notre cerveau. »
Précurseur dans l’utilisation des datas à Arsenal, Arsène Wenger avait étayé son propos, quelques semaines plus tard, dans Ouest-France : « La capacité à mesurer les performances physiques des joueurs a focalisé sur le développement du joueur-athlète. L’espace d’expression du joueur a diminué, les équipes défendent aujourd’hui sur 600 m² alors que le terrain fait plus de 7 000 m² ! Il faudra peut-être se pencher davantage dans les dix prochaines années sur le développement de la qualité technique du joueur, de sa capacité de perception. »
Progresser sur la notion de prise d’information, notamment. On l’écoute toujours : « On a fait une expérience scientifique, en mesurant le nombre de fois où un joueur prenait l’information dans les dix secondes précédant la réception du ballon. Les meilleurs la prenaient entre 6 et 8 fois, les bons joueurs 4 à 6 fois… Celui qu’on a mesuré le plus haut, c’était Xavi, avec 8,3 fois… Ceci est un exemple concret d’analyse sophistiquée du football que l’on peut transformer en contenu d’entraînement, et qui permet de faire progresser ce sport. Pour un jeune joueur, c’est créer des exercices qui l’obligent à prendre l’information le plus souvent possible avant la réception du ballon. »